Du jeudi 3 au samedi 5 novembre 2016
- Terminé

« Hantises et spectres dans le théâtre de Koltès et dans le théâtre contemporain »

Campus universitaire de Metz, Metz
Tarif non communiqué
Dans le cadre de : Festival Biennale Koltès

COLLOQUE UNIVERSITAIRE INTERNATIONAL organisé par Raymond Michel et André Petitjean.


En association avec le Centre de recherche et d’étude des médiations ( Université de Lorraine, Université de Haute Alsace ) et l’Association Quai Est.

Inscriptions sur le site web du CREM

Problématique :



Il est notoire que les morts, les spectres et les fantômes hantent, c’est le cas de le dire, le théâtre depuis ses origines les plus lointaines. Pour s’en convaincre, il suffit d’évoquer, sans souci ni d’exhaustivité ni de représentativité, des auteurs tels Eschyle, Shakespeare, Corneille, Maeterlinck ou une forme théâtrale comme celle du théâtre nô. La figure du retour du fantôme ou du spectre, ou la manifestation de l’invisible, est donc omniprésente au théâtre, même si, paradoxalement, elle interroge les limites et l’existence même du théâtre, lieu par définition du visible et de l’audible, de la présence de corps de chair et d’os, comme le suggère son appartenance, qui tient de l’évidence, à ce qu’on appelle le « spectacle vivant ».

Il s’agira dans ce colloque de se demander dans quelle mesure le théâtre contemporain, et en particulier celui de Bernard-Marie Koltès, a à voir – fait « voir » - – avec, pour reprendre le néologisme forgé par Jacques Derrida dans Spectres de Marx (Paris, Galilée, 1993), une hantologie. On se souvient que ce mot-valise (hanter, ontologie, anthologie) fait référence à toute manifestation, à toute trace à la fois visible et invisible, qui, comme le fantôme, « affecte et endeuille d’avance » (ibid., p. 255) les êtres et rend leur présent intempestif, toute ontologie qui s’y opposerait ne pouvant se résoudre à n’être qu’un « mouvement d’exorcisme [ou de] conjuration » (ibid.) La situation est donc telle que les personnages, « pré-occupé[s], habité[s], hanté[s] par [leur] autre » (ibid.) ne peuvent que s’écrier, comme Hamlet : The time is out of joint : Oh cursed spight, / That ever I was borne to set it right (« Le temps est hors de ses gonds. Ô sort maudit / Qui veut que je sois né pour le rejointer ! » (Hamlet, Acte I, sc. V, trad. par Y. Bonnefoy).

Les communications s’emploieront donc, en fonction du corpus théâtral choisi, à repérer et à suivre le fil de ces traces qui disent que quelque chose s’est passé, qu’un événement a eu lieu – même si souvent « Rien n’aura eu lieu que le lieu » (Mallarmé, Un coup de dés jamais n’abolira le hasard) – qui hante les personnages. Qu’en est-il de cet esprit, de ce spectre, de ce fantôme, de cette chose, de ce « quelque chose, entre quelque chose et quelqu’un, quiconque ou quelconque » (Derrida, op. cit., p. 26) – the thing, das Ding – dont on ne sait pas – non par ignorance, mais parce que ce « non-objet, ce présent non présent, cet être-là d’un absent ou d’un disparu ne relève plus du savoir » (ibid.) – exactement si cela est, a un nom, possède une essence - Chose invisible certes, car même lors de ses apparitions on ne la voit pas en chair et en os, mais chose aussi spectrale qui nous regarde, de telle sorte que nous nous sentons constamment regardés par elle alors que nous ne voyons pas qu’elle nous regarde. Car, de plus, il est impossible de croiser son regard, et c’est parce qu’il y a un tel effet visière, pour reprendre les termes de Derrida, que « nous héritons de la loi [...] qui délivre l’injonction, une injonction d’ailleurs contradictoire, comme nous ne voyons pas qui ordonne, “jure” (swear), nous ne pouvons pas l’identifier en toute certitude, nous sommes livrés à sa voix » (ibid., p. 28-29). Le théâtre est donc assurément ce lieu privilégié où se plient et se déplient les enjeux et les jeux de la désarticulation du temps, de la présence et de l’absence, de l’héritage imprévisible et irréductible auquel on ne peut échapper, de la trace évanescente, de la profération de la loi, du voile et du dévoilement, de la voix et du voir. Bref, de quoi s’agit-il au théâtre sinon de spectre, de spectralité, de spectacle, entités à la fois confondues et incommensurables dans leur différence ?

Les propositions de communication devront répondre aux deux réquisits suivants : d’une part, porter sur un corpus de textes dramatiques contemporains (XXe et XXIe siècles) français ou étrangers ; d’autre part, explorer et interroger les propositions des problématiques décrites succinctement ci-dessous, qui ne sont pas exclusives les unes des autres et qui ne constituent en aucun cas une liste fermée.

[... cliquez ici pour lire la suite]

http://biennale-koltes.fr/index.php?id=100
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Lieu : Campus universitaire de Metz

Ville : Metz

Département : Moselle

Région : Grand Est

Pays : France

Annoncé anonymement le mercredi 22 juillet 2020
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