Le mardi 17 mai 2016
à partir de 20h

al-khansà

Il s’agit du Divan (Recueil de poésies) d’al-Khansâ*, poétesse bédouine, qui chanta avec une émotion poignante la mort prématurée de ses deux frères (VIe-VIIe siècle ap. J.-C.). La poésie c’était l’enthousiasme des femmes bédouines. Dans les grandes circonstances de leur vie, la douleur, la reconnaissance, l’indignation faisaient jaillir des profondeurs de leur âme des chants toujours naturels, parfois sublimes. «Le lecteur ne doit pas oublier qu’au désert toute émotion vive se traduisait par une improvisation poétique; ce qui serait un pédantisme ridicule dans notre civilisation raffinée, était le cri de la nature chez les peuples primitifs», dit le père Victor de Coppier**. Les femmes bédouines savaient peindre en termes justes et pittoresques un beau cheval aux pieds «ferrés de vent du Sud et de vent du Nord»; elles s’entendaient à décrire une lance à la hampe souple et solide, une cotte de mailles aux anneaux inflexibles, un casque à la bombe étincelante; elles aimaient à vanter une incursion heureuse, les noms des vainqueurs, les noms des aïeux et les longues lignées des familles reliées par une généalogie précise aux premières hordes descendues en Arabie; à la mémoire du guerrier qui n’était plus, elles excellaient à composer des hymnes de deuil («marthiya»***). Or, les hymnes de deuil se muaient le plus souvent en hymnes de guerre; car après avoir pleuré le héros mort, après avoir rappelé sa bravoure, sa libéralité, sa fidélité au serment, son hospitalité généreuse, son mépris de la vie, son sacrifice de tout intérêt et de tout sentiment à l’austère devoir, il fallait, selon les lois du désert, demander la rançon de son sang. Maintes fois, les accents douloureux d’une mère, d’une épouse, d’une sœur mirent les armes aux mains d’une tribu entière. On le sent bien, les poésies des femmes bédouines ne restaient que rarement dans les limites de la sage modération, puisqu’elles attisaient sans cesse la guerre civile. «Mais, à un autre point de vue, celui de la formation des nobles caractères, ces poésies eurent une influence admirable qu’elles gardent encore: elles furent une école d’héroïsme. Ces vers débordant d’énergie et d’enthousiasme… fortifient l’âme comme une tragédie du grand Corneille, et par là ils ont eu chez les Arabes et peuvent avoir parmi nous une influence vraiment salutaire: notre siècle affadi a besoin de se retremper aux héroïques traditions du désert», conclut le père de Coppier****.

Il n’existe pas moins de cinq traductions françaises du Divan, mais s’il fallait n’en choisir qu’une seule, je choisirais celle du père de Coppier.

http://www.notesdumontroyal.com/note/293
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